samedi 1 avril 2017

Six jours sur le sentier cathare

Le sentier cathare est une création du comité départemental du tourisme de l'Aude. Il relie les principaux sites historiques du pays cathare, depuis la Méditerranée jusqu'à Foix, à travers les Corbières puis le piémont pyrénéen. Son balisage a été récemment repris en charge par la FFRP, sous le nom GR367.

Le site qui dit tout : http://www.lesentiercathare.com/index.php (mais qui ne parle pas du nouveau balisage)

J'ai prévu de faire une boucle de six jours à partir de Maury (bus depuis Perpignan), d'où on rejoint l'itinéraire balisé du sentier cathare au château de Quéribus. J'emprunterai à l'aller la variante nord du sentier cathare (GR367) jusqu'à Quillan, puis au retour sa variante sud (GR367A) jusqu'à Lapradelle-Puylaurens (bus pour Perpignan).

Les étapes représentent entre 4 heures 30 et 6 heures 30 de marche. Si on souhaite visiter les châteaux de Quéribus, Peyrepertuse, Puylaurens, tous perchés sur des pitons escarpés, il faut ajouter aux étapes concernées 1 heure à 1 heure 30 pour en faire l'aller-retour. Ce n'est pas de la grande montagne, le seul passage (un peu) au-dessus des 1000 m est entre Quillan et Quirbajou. Mais ça monte et ça descend pas mal. Bref ça sera une bonne reprise après un hiver sans randonnée en montagne.

Pas mal de gîtes d'étape n'ouvrent qu'en avril, mais j'ai trouvé des chambres d'hôtes pas trop chères. Et j'ai un coéquipier pour les quatre premières étapes, jusqu'à Quillan.
J'emporte le topo-guide et la carte au 50000e qui couvre tout l'itinéraire ; elle manque de précision, surtout quand on est habitué aux cartes au 25000e de l'IGN, et je la trouve trop surchargée d'indications touristiques et autres, mais pour suivre un parcours balisé, ça suffira bien.

Je ne donnerai pas ici d'indications sur les distances, dénivelés ou temps de marche : tout l'itinéraire (de Port-la-Nouvelle à Foix) est couvert par l'excellent topo-guide.

24 mars : Maury - Duilhac-sous-Peyrepertuse

Départ de Maury en début d'après-midi sous la pluie. Sortie de Maury par la rue Anatole France ; à l'endroit où elle rejoint la route de Cucugnan (à la station de pompage) un chemin balisé en jaune permet d'éviter la plus grande partie de cette route jusqu'au Grau de Maury, col où se trouve la bifurcation pour le château de Quéribus. J'avais prévu d'y monter pour rejoindre l'itinéraire du sentier cathare (GR367).
Mais la pluie s'intensifiant, on ne fait pas le crochet prévu par le château de Quéribus - de toute façon on n'aurait rien vu - et on descend donc directement par la route vers Cucugnan. Pas de détour non plus par le village de Cucugnan, il nous tarde d'arriver à Duilhac pour nous mettre au sec.
Bref, étape à oublier...
Ah, quand-même une rencontre originale (mais une photo ratée, genre cherchez Charlie)
Le village de Duilhac est joli et bien entretenu, mais sous la pluie nous n'en profiterons guère.
Nuit au gîte d'étape communal, dans le bâtiment de la mairie. Accueil sympa, gîte bien équipé. Nous y sommes seuls, ce qui nous permet d'étaler nos affaires trempées devant tous les radiateurs de la grande salle commune.
Bonne surprise, il y a une petite épicerie dans le village - a priori le dernier ravitaillement possible avant Quillan.

25 mars :  Duilhac - Cubières-sur-Cinoble

Fort vent et beaucoup de pluie pendant la nuit, mais quand on se lève ça commence à se calmer et la météo prévoit le retour du beau temps.

Si nous étions partis un peu plus tard nous aurions envisagé de monter au château de Peyrepertuse. Mais au moment où nous arrivons à la bifurcation de la petite route qui y monte, il est à nouveau dans les nuages tout là-haut sur sa falaise.




Après une première heure bien humide, les nuages commencent à se dissiper. Au loin on aperçoit à nouveau le château de Quéribus.
Après un long passage en faux plat jusqu'au Pla de Brézou, la montée vers la crête du Pech d'Auroux (point culminant de l'étape à 930 m) est rude, sur un vrai sentier de montagne.
Mais la récompense est là, sous un ciel enfin bleu.
Au nord, les Corbières :
Au sud-est, la Méditerranée et la chaîne des Albères :
Et plus à l'ouest, les Pyrénées enneigées :

Après une longue pause casse-croûte, café, séchage des vêtements humides du matin, nous reprenons le sentier, qui descend dans un vallon encaissé vers les gorges de Galamus. Il faut faire attention à la bifurcation, sur un replat vers les 630 m d'altitude : nous prenons à droite le sentier cathare (GR367) qui remonte légèrement vers le col das Souls.

Remarque: jusqu'à cette bifurcation, l'itinéraire depuis le Pla de Brézou apparaît comme GRP du tour des Fenouillèdes sur la carte IGN au 25000e telle qu'elle figure sur le site geoportail : anciennement le sentier cathare descendait depuis le Pla de Brézou vers l'aval des gorges de Galamus (portion commune avec le GR36), puis sa variante nord empruntait la route au fond des gorges pour rejoindre Cubières.

De la bifurcation ci-dessus jusqu'au moulin de Cubières, la suite de l'itinéraire n'apparaît sur la carte au 25000e qu'en tirets noirs (sentier non balisé). Mais en fait les balises du GR367 sont bien présentes tout le long. Le topo-guide et la carte au 50000e Rando-éditions ont été ré-édités depuis le balisage de cette nouvelle partie du sentier cathare, et sont donc à jour.

Après le col das Souls, le sentier en balcon offre de belles vues sur les gorges de Galamus, avec le Canigou en toile de fond.








Au fond des gorges coule l'Agly, qu'on domine de 300 m :

Ensuite le sentier (bien boueux) plonge vers le moulin de Cubières, sur l'Agly, d'où on suit la route un petit quart d'heure jusqu'au village de Cubières-sur-Cinoble.

Demi-pension à la Taverne (chambres et table d'hôte). Repas bon et copieux (presque trop : la propriétaire m'a menacé de me priver de dessert parce que je n'étais pas arrivé à finir mon plat).
Pas de possibilité de ravitaillement dans le village.

26 mars : de Cubières à Bugarach

De Cubières nous revenons sur nos pas le long de la route sur environ 500 m pour retrouver l'itinéraire balisé (toujours pas indiqué sur la carte au 25000e). Celui-ci emprunte une petite route qui traverse le ruisseau de Cubières au niveau de la station d'épuration, puis rejoint la vallée de l'Agly, qu'une passerelle permet de traverser pour récupérer en face un sentier qui grimpe  jusqu'à un petit col avant de redescendre vers Camps-sur-l'Agly :

Un petit détour par le village perché et sa jolie église


A l'ouest la vallée de l'Agly est dominée par le Pech de Bugarach, vers lequel nous nous dirigeons
Après les fortes précipitations des derniers jours, les rivières sont bien gonflées, et le gué sur le chemin qui va de Camps à la ferme de la Bastide est infranchissable. Cela nous vaut un long détour, pour revenir à la route en-dessous de Camps, la suivre jusqu'au pont puis en direction de Bugarach jusqu'à récupérer le chemin de la Bastide après le gué.

Le sentier contourne le Pech de Bugarach par le sud, en passant par une crête au-dessus du col des Péchines, endroit idéal pour une pause déjeuner (un peu tardive suite au temps perdu après Camps), sur le versant exposé au sud.
 Dans la descente vers le vallon de Campeau, la vue est encore belle vers le Canigou


Après avoir franchi un petit col, le sentier descend à flanc sous le versant sud du Pech de Bugarach, puis plonge vers le fond du ravin pour passer en rive gauche du torrent (nouveau gué difficile à franchir), ce qui permet d'aller voir la cascade des Mathieux :

Le sentier sert de lit à l'eau qui ruisselle de la montagne, nous pataugeons dans la boue.

Nous sommes maintenant sous le versant ouest du Pech de Bugarach (à gauche la Pique Grosse)
Arrivé au fond de la vallée près d'un petit plan d'eau, le sentier traverse à nouveau le ruisseau par un gué, toujours aussi délicat vu la hauteur d'eau inhabituelle. Les chaussures bien trempées, je termine l'étape en sandales - mais nous ne sommes plus qu'à 10 minutes de Bugarach...

Nuit en chambre d'hôtes. Heureusement la maison est chauffée par une cheminée que les propriétaires feront marcher toute la nuit, et devant laquelle je vais pouvoir faire sécher mes chaussures.

27 mars : Bugarach - Quillan

L'étape est plus longue (24 km et 6 heures 30 d'après le topo), mais nous la raccourcirons en coupant en-dessous de St-Just par la piste qui longe la rive droite du ruisseau de St-Ferriol jusqu'à la route au nord de Quillan. En effet le temps s'est à nouveau couvert, au point que le matin, en partant de Bugarach, la petite crête vers laquelle nous montons est dans les nuages - et le vent souffle bien.
Bref, pas de photos, et pas grand'chose à signaler. Quand-même une éclaircie qui nous permet d'avoir une vue étendue sur les collines et la plaine au nord-ouest, avant d'arriver au petit village du Bézu. Et finalement, nous avons échappé à la pluie...

Nuit en chambre d'hôtes à Quillan, ou plutôt en bed and breakfast : les propriétaires (anglais et ne parlant quasiment pas un mot de français) ne font pas table d'hôte.
En début de soirée Quillan fait un peu ville morte : quasiment personne dans les rues, et les deux restaurants que nous avions repérés sont fermés. Nous nous contenterons d'une pizza...

28 mars : Quillan - Quirbajou

Mon coéquipier a pris le bus tôt le matin pour récupérer sa voiture à Maury : il doit être rentré chez lui en région lyonnaise avant le soir.
Le temps est à nouveau magnifique, et la montée vers Coudons offre une belle vue sur le bassin de Quillan. En fait le sentier ne commence vraiment à monter qu'après trois quarts d'heure de marche, à partir du village de Ginoles :
Vue sur Ginoles et les sommets à l'est de Quillan :
La même, d'un peu plus haut...



Arrivé à Coudons, je bifurque vers la variante sud du sentier cathare (GR367A), en direction de Quirbajou. La suite du parcours emprunte des pistes forestières, au bord desquelles je trouverai au-dessus de 1000 m quelques restes de la neige tombée la semaine précédente :

Mais surtout, à partir du col de Camelier et au début de la descente vers Quirbajou, énormément de boue rendant le chemin (défoncé par les engins forestiers) parfois impraticable, au point d'être parfois obligé de m'en écarter en sous-bois.










Heureusement la descente vers Quirbajou offre de belles échappées vers les Pyrénées :

Et le village, perché au bord du plateau dominant la vallée du Rébenty, est aussi charmant que son nom.

Demi-pension au gîte d'étape La Maison Jaune où je suis le seul hôte, ce qui me vaut le droit de dîner devant la cheminée, dans la cuisine des propriétaires. Accueil et repas excellents.

29 mars : Quirbajou - Lapradelle-Puylaurens

Encore une longue étape (23 km jusqu'à Puylaurens d'après le topo, et un de plus pour Lapradelle où je dois prendre le bus pour Perpignan à 16h30).

Au départ de Quirbajou, le sentier plonge vers la vallée du Rébenty dans des pentes raides entrecoupées de barres rocheuses, jusqu'au village de Marsa, atteint en 45 minutes :
 Après Marsa, le chemin est en sous-bois au-dessus de la rive droite du Rébenty jusqu'à Cailla :
 Puis il passe un petit col avant de descendre vers Axat, dans la vallée de l'Aude :
 Puis il grimpe sur l'autre versant au pied la forêt de Fontanilles, d'où on domine Axat :
 Et se poursuit à travers de belles forêts de pins jusqu'en face du château de Puylaurens :
 avant de s'en approcher par l'autre versant :
Légère déception : l'accès au château est fermé (avant avril il n'est ouvert aux visites que les week-ends).
Ceci dit, j'ai déjà plus de 20 km dans les pattes, il est 15h et je dois encore descendre jusqu'à Lapradelle pour attraper le bus à 16h30. Je n'aurais donc sans-doute guère eu le temps de grimper jusqu'au château (150 m plus haut) et de le visiter...

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